Beaucoup de choses ont été dites sur le Da Cheng Chan (D.C.C) ou le I-Chuan dans divers magazines, divers livres et vidéos.


Cela eut le mérite de faire connaître et de susciter l’envie de pratiquer cette merveilleuse méthode.

Il faut cependant constater que la majorité des enseignants et pratiquants qui se rattachent à cette méthode imaginent pratiquer le côté martial du D.C.C alors que pour entrer dans ce domaine, il faut vraiment utiliser les bons outils.

Je vais m’expliquer sur ce point, après une petite parenthèse.

J’ai la chance de travailler avec Maître Guo Guizhi depuis plusieurs années. Cela a été très fructueux et lors de mon récent voyage en Chine, j’ai pu encore approfondir auprès de lui ce véritable trésor qu’est le D.C.C.

Il faut noter ici que Maître Guo Guizhi est considéré actuellement par ses pairs comme le meilleur représentant du D.C.C Il a étudié pendant vingt ans avec Maître Yao Zhen Zhong, élève direct du fondateur du DCC Maître Wang Xian Zhai. C’était un très grand expert et un redoutable combattant. La puissance que Maître Guo possède aujourd’hui est le résultat manifeste d’une direction de travail correcte.

Actuellement certains essaient d’intégrer dans le D.C.C du combat au sol, des formes de lutte, des coups de pied haut etc. Ils ne gardent que les rares techniques qu’ils ont comprises et rejettent le reste. Tout cela malheureusement dévalorise le D.C.C car le D.C.C., s’il a été bien compris, n’a pas besoin de tout cela.

Le fondateur Maître Wang Xian Zhai a exprimé sa volonté de dépouiller cette méthode au maximum pour ne garder que les principes des grands arts chinois : apparence simple, mais travail d’une grande complexité.

On peut constater qu’actuellement le chemin est inverse, cet art profond devient superficiel par manque de compréhension.

Maintenant parlons de ces principes. Tout d’abord du premier qui est le plus important pour accéder à un niveau acceptable qui ne soit pas une imitation.

Il se nomme Song – Jin, que l’on peut traduire par ‘Relâchement – Tension’.

Bien que d’apparence simple, ce travail n’a pas de limites dans son expression et sa finesse.

Dans une posture choisie, il s’agit de bouger en avant et en arrière, puis à gauche et à droite, puis en haut et en bas. Le Song-Jin constitue la base, les racines de toutes les étapes suivantes. Sans Song-Jin, pas de Shili (essai de la Force), sans Shili pas de Fali (explosion de force) et sans Fali le combat n’est pas envisageable.

Il faut beaucoup de finesse et d’observation dans cette pratique et il ne faut pas utiliser de force grossière et visible.

Les directions doivent être trouvées, puis définies clairement par le corps. En effet, synchroniser le corps dans une direction est un travail très délicat. Vouloir bouger de façon explosive sans passer par ce premier stade limite le pratiquant dans sa progression. A ce moment là, il imagine toutes sortes de théories, de visualisation qui le mènent rapidement à une impasse.

Continuons la description de ce premier travail.

Les mains ne bougent pas, c’est tout le corps qui exprime un mouvement à partir d’un point fixe ; le pratiquant travaille dans un état de détente qui correspond à une harmonie entre son monde intérieur et le monde extérieur. Quand cela est bien enregistré, il faut réduire l’amplitude des mouvements générés par la Force élastique des cinq tendons qui sont serrés à la fin de chaque mouvement.

C’est une étude du ‘Bouger tout’ qui est primordiale.

Tout cela n’est pas simple. Maître Guo m’expliqua que très peu de personnes parviennent à maîtriser le Song-Jin.

Quand l’étudiant a rempli le processus pour arriver à ce niveau,il lui reste encore trois étapes pour pouvoir concrétiser l’ensemble de toutes les forces qui lui sont alors disponibles.

Il faut préciser qu’au premier niveau la force qui circule dans le corps ne peut pas encore s’exprimer à l’extérieur du corps.

L’approche des arts internes est difficile sans une bonne connaissance de la pensée chinoise et de son véhicule, la langue. Il a pu y avoir des erreurs d’interprétation, de compréhension et par là-même de pratique. Certains concepts n’ont pas d’équivalents simples dans notre langue.

Pour terminer et résumer ce bref exposé, on peut dire que travailler la Posture sans micro-mouvements n’a aucun sens du point de vue martial et travailler avec des forces paradoxales est impossible si la force interne ne devient pas concrète. Dans un combat tout se joue au moment du contact, les directions de force doivent être immédiatement disponibles car il n’est pas possible de préparer son mouvement

Dans un prochain article, nous parlerons de l’essai de Force (Shili) qui, à l’origine, remplissait le processus énergétique du Tai-Chi-Chuan.

Pascal Procyk

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